2008/11/23

Importance of blogs in the mediasphere

A week after the MCD. As a small commemoration of this day, here is a text about the importance of blogs and Internet in the mediasphere.

I post it in it's original version, in french. Maybe I'll make a translation later, but I think a translation would give an imperfect vision, even a distorted reflect of what I first wrote.

So, here it is :

« Dans cinq ans, les médias auront plongé si profondément que les personnes informées chercheront auprès des blogs d’amateurs en qui ils ont confiance l’information dont ils ont besoin. » Martin Nisentolz, directeur du site web du New York Times, semble catégorique. Il prend clairement parti d’affirmer que les blogs sont voués à remplacer les médias traditionnels. Mais la question se pose quant à la réalisation de sa prophétie, formulée en 2004 : Est-ce que les blogs seront fossoyeurs des médias traditionnels, ou bien leur planche de salut? Pour présumer de la réponse que le temps nous donnera, une pluralité facteurs entre en ligne de compte. En observant les principales caractéristiques des blogs et en observant le site d’un organisme de presse traditionnelle, Cyberpresse, il pourrait être plus facile de tenter de confirmer ou réfuter l’hypothèse de M. Nisentolz et déterminer si le blog et les nouvelles technologies causeront, ou non, la perte de la presse traditionnelle.

La subsistance des médias traditionnels dépend principalement de deux éléments : l’intérêt populaire qui leur est porté, ainsi que leur rentabilité. La popularité de la presse écrite fait sa rentabilité. Non pas car la presse écrite vit de ses ventes, elle dépend plutôt des investissements des publicitaires qui y diffusent. Mais ces publicitaires recherchent les médias les plus lus par leurs marchés pour y diffuser leur message. Selon une étude menée par Scarborough Research pour le marché américain, la popularité de la presse serait en baisse : le tirage aurait baissé, dans une période de 6 mois entre 2005 et 2006, d’environ 3%. Également cette étude fait constat de la baisse du lectorat dans l’ensemble des groupes d’âges. Ce phénomène ne se limiterait pas aux États-Unis. Selon la réflexion de Jean-Paul Gagné, ce serait un phénomène généralisé en Amérique du Nord. Cette baisse de popularité de la presse quotidienne payante s’explique par la popularité croissante des médiums diffusant gratuitement de l’information, comme les quotidiens gratuits ou encore Internet.

De plus en plus de journaux, dont le Los Angeles Times, ont décidé de devenir « Web-first », c’est-à-dire de prioriser leur site Web, où l’information est continuellement mise à jour, au contraire du journal qui n’a qu’une parution quotidienne. Dans ces journaux, l’équipe de rédaction dévouée au journal est élaguée, alors que plus de postes dans les sont offert dans le domaine des sites Internet, dont ceux des journaux concernés. D’ici avril 2009, le Christian Science Monitor, journal américain reconnu, abandonnera définitivement la publication sur papier pour se consacrer exclusivement à la publication sur le Web. Sur CentPapiers, premier média Web citoyen au Québec, Olivier Niquet affirme que le pas du Christian Science Monitor sera emboité par plusieurs autres journaux.

Malgré les prédictions de M. Niquet ou de M. Nisentolz, il semble y avoir une symbiose entre les quotidiens de la presse écrite et leurs sites Web. Les journaux, comme La Presse, peuvent ainsi faire connaitre une partie de leur contenu par le biais du Web, en offrant l’accès à certains articles triés sur le volet ou encore à leur amorce ou bien leur titre, pour captiver le navigateur, lecteur potentiel du quotidien en version papier. C’est ainsi que fonctionne Cyberpresse, qui dévoile à ceux parcourant la Toile une partie du contenu de La Presse et des journaux affiliés.
Le site de Cyberpresse soit divisé comme le sont les journaux de Gesca, dont La Presse, en diverses sections, les mêmes qu’on retrouve dans leurs versions papiers (actualité, international, sports, automobile, économie, etc). Par un simple clic sur un onglet, on peut choisir et consulter une section comme on le ferait en feuilletant la version papier du journal. La présentation des titres et de l’amorce facilite le choix de lecture des articles, qui peuvent généralement être lus en version complète grâce à un petit onglet au bas de ceux-ci. Ainsi le lecteur empressé ou recherchant un sujet spécifique voit sa tâche facilitée.

Mais ce qui fait le plus fort contraste entre la version papier d’un journal et son site Web est le niveau de présence de l’opinion qu’on y trouve. Alors que dans la version papier du quotidien, l’opinion est limitée à l’éditorial et aux chroniques, le site Web rajoute à ceci les accès aux blogs des journalistes, des forums de discussion et l’opportunité de commenter un article. Sur Cyberpresse, bien qu’il ne soit pas possible de laisser un commentaire qui sera directement joint à l’article, des liens vers les blogs des journalistes et un forum permettant aux lecteurs de diffuser leurs opinions sur divers sujets sont disponibles. Il est également possible au lecteur, via un lien précis, d’envoyer au journal son témoignage s’il a assisté à un événement spécifique, qui pourrait hypothétiquement s’inscrire dans l’agenda du journal.

En somme, les sites Web de journaux comme Cyberpresse facilitent l’interaction et la participation citoyenne. Ils amènent aussi un aspect d’interactivité, par exemple en diffusant des vidéos liés aux articles ou dossiers diffusés, que le médium de la presse écrite n’a pas. Cependant la culture de l’instantané que véhiculent les nouveaux médias et le gain d’importance de l’opinion publique peuvent être perçus dans l’actualité comme une raison de la perte de popularité des médias traditionnels et du gain d’importance de la blogosphère dans l’espace médiatique.

Issu de la contraction du terme weblog, qui signifie journal sur le Web, le blog est « …un outil de publication et de communication sur Internet. […] Les blogs constituent le plus souvent l’équivalent […] du carnet intime, du journal de bord ou du billet d’humeur. » La population des blogueurs est généralement jeune, familière avec les nouvelles technologies. Mais dans la blogosphère, une nouvelle façon de « bloguer » s’est développée. En plus des carnets intimes viennent s’ajouter les blogs voués au journalisme citoyen et les blogs de journalistes professionnels recherchant à se défaire de leur ligne éditoriale respective, à donner plus de détails aux lecteurs qu’en donnerait l’article publié ou à offrir aux lecteurs une plus grande possibilité de commenter leurs articles.
La première forme de ce nouveau genre de blogs est faite par les bloguistes (en anglais j-log), terme issu de la contraction de journaliste et blog. Certains blogueurs, devenant bloguistes, tentent de se glisser dans la peau du journaliste ou du chroniqueur, de manière plus ou moins réussie.

Le Web a vu apparaître différents blogs à la vocation de « médias citoyens ». Ohmynews, par exemple, «… fonctionne grâce à la participation de « citoyens-reporters » qui soumettent en permanence des articles à l’équipe constituée d’une quarantaine de journalistes professionnels, chargés de retravailler cette matière première informationnelle. » L’organisme compte plus de 35000 reporters-citoyens à travers le monde. La raison d’être d’Ohmynews est d’être une alternative crédible aux médias traditionnels. Fondé en Corée, où la presse écrite est très conservatrice, Ohmynews a rempli efficacement son mandat. Selon Yannick Estienne, Ohmynews aurait contribué, par sa popularité et son orientation plus populaire et libérale, à l’élection du candidat progressiste à la présidence de Corée. Ohmynews est donc un média citoyen rendu crédible grâce à la contribution et supervision de journalistes professionnels, transposant dans ce dernier leur code déontologique. Par son biais, les citoyens à travers le monde peuvent trouver une tribune, à condition de s’enregistrer et d’envoyer leurs textes signés. En somme, les blogs comme Ohmynews, règlementés par un code déontologique, permettent la démocratisation de l’information, comme le fait le journalisme civique, mais à l’échelle internationale. Ohmynews et Agoravox en France ont été instigateurs du mouvement du journalisme participatif, qui a fait des émules.

Les blogs ont également l’avantage d’être indépendants de toute ligne éditoriale comme en imposent les médias traditionnels. L’objectivité, critère essentiel de la presse traditionnelle, n’est pas forcément obligatoire dans l’écriture d’articles apparaissant sur un blog. L’opinion de l’auteur transparait généralement dans ces articles. En faisant la lecture des blogs en relation avec Cyberpresse, il est aisé de constater que les blogs des journalistes professionnels ne font pas exception, adoptant un ton informel la plupart du temps, révélant leurs opinions de manière plus ou moins évidente en traitant de leur sujet. La sous-section des blogs figure dans la section opinion du site pour de bonnes raisons.
Les « médiactivistes » ou bloguistes dénoncent l’exclusivité d’informer qu’ont les journalistes. Souhaitant agir, dans certains cas, comme « chiens de garde » du journalisme, en dénonçant les travers et les non-dits par le journalisme traditionnel. Dans le même ordre d’idée que la préservation de l’indépendance des blogs, médias libres et gratuits, les journalistes-citoyens tâchent de réduire la distance entre les médias traditionnels et les médias citoyens.

Il est possible de remarquer la recrudescence de ce phénomène en observant la reconnaissance admise envers certains bloguistes, comme Garett Gralb, du blog FishBowlDC , premier bloguiste accrédité à la Maison Blanche. Récemment Stephen Harper a décidé d’admettre les blogueurs, après évaluation de leurs blogs, au dernier congrès du Parti Conservateur, s’étant déroulé du 13 au 14 novembre dernier . Ces admissions dans les domaines usuellement réservées aux journalistes dits traditionnels amènent la preuve du gain d’importance des bloguistes.
Le second type de ce nouveau genre de blogs, tenus par des journalistes de métier, sont généralement complémentaires aux articles traités par ces dernier, de diffuser plus promptement les nouvelles ou bien encore le médium pour formuler leurs opinions. Sur Cyberpresse, le blogueur François Gagnon a diffusé son article sur le retrait du chandail de Patrick Roy, le soir même de l’hommage . Moins de 30 minutes après la diffusion de la nouvelle, l’article, diffusé à 18h56, figurait sur le blog du journaliste de La Presse, qui n’a pas attendu la publication de son quotidien pour rendre publique sa chronique. Patrick Lagacé, sur Cyberpresse, profite quant à lui de son blog pour parler de sujets dont il ne traite pas dans les publications de La Presse et y laisser transparaitre son opinion, compte tenu de l’espace limité de la presse écrite et son souci d’objectivité, un article sur le passage d’un météore dans le ciel des Prairies peut faire figure d’exemple . Sur Cyberpresse comme ailleurs, les journalistes tendent à enjoliver leurs articles de blog de vidéos, profitant des avantages d’Internet que ne donne pas la presse écrite.

Les 40000 nouveaux blogs qui apparaissent chaque jour témoignent de l’importance de l’opinion publique, et l’opinion individuelle, qu’ils représentent. Puisque c’est désormais possible, chacun cherche à exercer son pouvoir doxocratique (pour décortiquer étymologiquement le terme, « le pouvoir de l’avis »). Internet devient donc l’agora où tout citoyen peut désormais facilement exprimer sa perception. Chacun peut trouver par cette nouvelle tribune le moyen d’être représentés, dans ce qui pourrait sembler être, comme le mentionne Jacques Julliard en parlant de l’opinion publique, « …une démocratie médiatique directe et permanente » .
Par contre, les bloguistes n’ont aucun code déontologique, ni aucun standard. Dans la blogosphère, les blogs de journalistes de métier, les blogs de journalistes-citoyens, reconnus ou non et les blogs à l’image de carnets intimes se côtoieront sans distinction. Faire le tri entre les types de blogs peut parfois être laborieux. L’anonymat et l’usage de pseudonymes est quelque chose de courant dans la blogosphère, ce qui tend à miner la crédibilité de ces blogs. Y compris dans les blogs de journalistes professionnels, l’usage de pseudonymes pour les lecteurs voulant poster des commentaires en réaction aux articles diffusés est monnaie courante. Dans cette tribune citoyenne offerte par les blogs, dont ceux des journalistes affiliés à Cyberpresse, le commentaire pertinent à l’argumentaire riche côtoiera sans nuances l’opinion divulguée sous pseudonyme, à l’orthographe et la ponctuation frivole, aux mots parfois tronqués. Le phénomène se remarque d’autant plus nettement sur les sujets amenant la controverse, comme l’article bref traitant de l’entrevue de Normand Legault faite à Réjean Tremblay, dans le blog de Patrick Lagacé . L’ensemble de ces facteurs font en sorte que les blogs manquent de crédibilité.

La montée de l’importance des nouveaux médias, dont la nouvelle tribune que sont les blogs amène quelques craintes chez les journalistes de métier. Internet permet de démocratiser l’information et donne au citoyen ordinaire, usuellement le récepteur de l’information, le pouvoir de diffusion sans le besoin de l’intermédiaire qu’est habituellement le journaliste. La source devenant le récepteur est le cauchemar des professionnels craignant le mélange des genres. Les journalistes professionnels peuvent donc se sentir dépossédés de leur pouvoir d’informer par les blogs, passant outre leur intermédiaire. La banalisation de l’information effraie le milieu journalistique. Cependant une des tâches des journalistes est de « …filtrer, sélectionner et hiérarchiser l’information » . Ce qui est difficile à réaliser par les journalistes citoyens, qui n’ont pas le recul des journalistes de métier quand vient le temps de trier et de traiter l’information.
Les blogs, médias citoyens, tentent de pointer du doigt les travers des médias traditionnels, mais dans ce qu’ils diffusent, apparaissent ce qui est souvent désigné comme les lacunes des médias contemporains. La présence de l’opinion qui y figure, le grossissement du trait alors que l’information est traitée, la concentration sur les aspects locaux, reproduisent certains éléments décriés dans les médias traditionnels. De plus, ce que diffusent les blogs, qu’il s’agisse d’opinions ou d’information, tend à se perdre dans ce que Yannick Estienne qualifie de « cacophonie ambiante » du Web.

Ces inconvénients des nouveaux médias que sont les blogs font en sorte que ces derniers apparaissent davantage comme un complément aux médias traditionnels qu’à leurs fossoyeurs. Les blogs, en continuel gain de popularité, constituent une tribune parallèle aux médias traditionnels, où l’opinion publique peut transparaitre. Mais sans plus de crédibilité et dans l’abondance d’information sur Internet, où l’opinion se confond aux faits, les blogs ne sont pas près de mener le journalisme traditionnel au tombeau. Peut-être que la prophétie de Martin Nisentolz est vouée à se réaliser si, dans les prochaines années, des blogs citoyens se démarquent autant qu’Ohmynews (en omettant le fait que ce dernier est supervisé par des journalistes professionnels) et que les bloguistes se dotent d’un code déontologique les distinguant plus clairement des blogueurs. Avant cette révolution du blog, sa présence sur les sites officiels des médias traditionnel, comme Cyberpresse, est destinée à agir comme complément, offrir une tribune citoyenne et un moyen d’interaction que la version papier ne peut pas offrir. Tout porte à croire, grâce aux facteurs mentionnés précédemment, que la symbiose est encore possible et souhaitable entre les blogs et les médias traditionnels.


Sources :
CASTONGUAY, Alec. « Des blogueurs invités au congrès du PC » dans Le Devoir, 29 octobre 2008, [en ligne], http://www.ledevoir.com/2008/10/29/213074.html (page consultée le 22 novembre 2008)
CHAR, Antoine. « La blogosphère, « altermédia » de l’espace public », Les cahiers de journalisme, No 15, (Hiver 2006), p.232 à 240
Cyberpresse, [en ligne], 2008, http://www.cyberpresse.ca/ (page consultée le 20 novembre 2008)
ESTIENNE, Yannick et Érik NEVEU. Le journalisme après Internet, Paris, L’Harmattan, 2007, 309 p.
FishBowlDC, [en ligne], 2008, http://www.mediabistro.com/Fishbowldc/ (page consultée le 22 novembre 2008)
GAGNON, François. « Je rentre chez nous » dans Le blogue de François Gagnon, [en ligne], 22 novembre 2008, http://blogues.cyberpresse.ca/gagnon/?p=70313809#comments (page consultée le 22 novembre 2008)
LAGACÉ, Patrick. Le blogue de Patrick Lagacé, [en ligne], 2008, http://blogues.cyberpresse.ca/lagace/ (page consultée le 20 novembre 2008)
LAGACÉ, Patrick. « Normand Legault et le mépris de la F1 » dans Le blogue de Patrick Lagacé, [en ligne],21 novembre 2008, http://blogues.cyberpresse.ca/lagace/?p=70722122#comments (page consultée le 22 novembre 2008)
LE RAY, Éric et al. La bataille de l’imprimé à l’ère du papier électronique, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 2008, 257 p.
NIQUET, Olivier. Cent-papiers, [en ligne], 2008, http://www.centpapiers.com/ (page consultée le 19 novembre 2008)
NIQUET, Olivier. Le Christian Science Monitor abandonne le papier, [en ligne], le 29 octobre 2008, http://www.centpapiers.com/Le-Christian-Science-Monitor,4510 (page consultée le 20 novembre 2008)
OhmyNews, [en ligne], 2008, http://english.ohmynews.com/ (page consultée le 20 novembre 2008)
PONTHIEU, Gérard. « BLOG, blogueurs et bloguistes » dans C’est pour dire, 6 janvier 2005, http://gponthieu.blog.lemonde.fr/2005/01/06/2005_01_blog_bloguistes/ (page consultée le 19 novembre 2008)

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